Un marché de masse mondial et très fragmenté
Il suffit de regarder les visages des nombreux visiteurs pour s’en rendre compte : le monde entier est là, et l’Asie est en bonne place. Mindray, le leader chinois basé à Shenzhen, dispose d’un des plus grands stands alors que Siemens, le champion national n’est même pas présent, sans doute du fait de l’absence de médecins dans les visiteurs. Ce qui frappe les nouveaux venus dans le domaine, c’est la fragmentation de l’offre dans tous les domaines, des simples aiguilles de biopsie aux capteurs de pression en passant par la salle d’opération complète voire l’hôpital clef en main.
UHD 4K et HDR en endoscopie
La chirurgie, guidée par la vidéo, continue de se développer à grande vitesse, avec quatre domaines : l’endoscopie flexible (par les voies naturelles), l’endoscopie rigide pour la célioscopie (chirurgie abdominale par exemple), l’arthroscopie et la microscopie. Les trois premiers domaines étaient bien représentés avec leurs principaux leaders sur leurs stands imposants : Olympus (japonais), Karl Storz (allemand) et Stryker (américain). La vidéo 4K fait l’objet d’annonces mais lorsqu’on approfondit, elle se heurte vite à plusieurs limites, dont la moins évidente à nos yeux est liée à l’optique, sur un champ très petit, et à l’éclairage, qu’on ne peut pas augmenter sans incidence sur la température du corps éclairé. Les limites de transport associées au débit et à la latence, sont elles aussi présentes.
La qualité colorimétrique des moniteurs (OLED, Quantum Dots et maintenant Crystal LEDs) révolutionne la vidéo. Sony présentait sa « dalle CLEDIS » (70k€ le m2 quand même) avec un contraste époustouflant et notamment un champ de vision de 180°. Mais à plus court terme c’est la sortie des moniteurs de télévision 4K pour le grand public qui impacte les moniteurs professionnels médicaux. NDS Surgical Imaging (américain), Barco (belge) ou Sony (japonais) présentaient leurs écrans HDR (High Dynamic Range) affichant une gamme de couleurs au-delà de la palette SDR (Standard Dynamic Range).
L’intégration de la salle d’opération, sujet important
La salle d’opération reste le moteur central des hôpitaux. La recherche de l’efficience (devenue cruciale pour le développement de la chirurgie ambulatoire) et la réduction du nombre important d’erreurs rendent indispensable une meilleure intégration dans la salle d’opération. La vidéo y joue un rôle central. La banalisation de l’imagerie médicale (échographie mais aussi radiographie voire scanner) au sein de salles d’opération « hybrides » rend le sujet plus complexe. La perspective du 4K et le passage au mode « tout IP » rebat les cartes techniques et contraint les fournisseurs à refondre l’architecture de leur offre de système intégré. A l’image de Barco, Sony propose pour la seconde année son offre « vidéo sur IP » propriétaire très basse latence (6 ms) mais sur fibre optique. En tous cas le sujet est perçu comme important par les industriels du domaine et crucial par les acheteurs, agacés de se retrouver enfermés par des offres propriétaires.
Banalisation de la présentation 3D
Comme tentent de le prouver les démonstrations de lunettes stéréoscopiques de BrainLab ou celles de Therapixel (commande de la visualisation d’examens d’imagerie par les gestes de la main avec un des algorithmes de visualisation d’images 3D les plus rapides, issu de l’Inria), la visualisation d’images médicales 3D se banalise, au moins pour les examens d’imagerie servant de support à l’intervention. Mais aussi la visualisation 3D stéréoscopique de la vidéo endoscopique (plusieurs stands dont Karl Storz) ou même multi-vues sans lunettes (Kaneko).
Apps sur mobile pour contrôler les dispositifs médicaux
En l’absence des scanners et des IRM dont les fournisseurs privilégient la présentation au RSNA à Chicago deux semaines après Medica, les échographes occupent le devant de la scène de l’imagerie médicale. Des visiteurs se font faire des examens sur les nombreux stands, y compris des femmes enceintes. Là encore, les fournisseurs chinois sont présents tels que Sonoscape. Mais la vraie tendance est à la banalisation de l’utilisation des smartphones et tablettes pour contrôler les dispositifs médicaux faisant l’objet d’une miniaturisation chaque année plus importante. Après les échographes fournis sur un « PC-tablette » relié à la sonde, présentés depuis plusieurs années maintenant, on entre dans les « objets connectés », avec Clarius, société canadienne créée par les fondateurs d’Ultrasonix, qui présente des « sondes échographes » pilotées sans fil par une tablette voire un smartphone via une liaison Wifi. Le web devient le support privilégié des échanges médicaux, y compris pour les examens d’imagerie. Au-delà de l’image, les Apps deviennent le sujet en poupe, avec même un concours sur des Apps « médicales » sponsorisé par Philips, qui a récompensé cette année Upright (assistant de rééducation), Biopmedical (biopsie du rachis) et Tytocare (examen clinique à domicile).
Banalisation de l’utilisation du sans fil
La généralisation du Wifi chez les particuliers mais aussi dans les lieux publics a fait tomber les derniers freins à sa mise en place au sein des hôpitaux. Les dossiers patients sont consultés au pied du malade au sein de chariots mobiles. Le pilotage de certains dispositifs médicaux utilisent eux aussi le Wifi. Jusqu’à maintenant la diffusion des communications sans fil étaient limitées aux usages non cliniques tels que les commentaires du chirurgien pour ses élèves observant la chirurgie dans une salle voisine. Avec le transfert sans latence (pour de la HD en bande de base sur réseau 60Ghz avec un débit de 3 Gbit/s), NDS Surgical Institute propose un moniteur HD sur chariot mobile alimenté par batterie, sans doute préfiguration des futures applications de réalité augmentée sur tablette voire sur lunettes.