L’IA artiste, à l’égal de l’être humain ?
Quintessence de l’imaginaire humain, l’art est aujourd’hui confronté à l’essor de l’intelligence artificielle. Des logiciels « intelligents » s’avèrent ainsi capables de créer des œuvres. Et bien que de nombreuses études portant sur les Interactions Homme-Machine fassent mention de biais de perception envers l’IA, les preuves expérimentales et scientifiques font défaut. L’équipe de chercheurs en sciences cognitives de b<>com a ainsi réalisé une étude expérimentale de grande ampleur dont les résultats ont été soumis et acceptés à la principale conférence internationale de haut niveau sur les interactions Hommes-Machines, CHI 2020.
Les 565 participants de cette expérimentation à grande échelle, issus du grand public, étaient invités à évaluer 40 peintures, des paysages ou des portraits de style impressionniste. Des tableaux de Claude Monet et Piet Mondrian, pour les œuvres humaines, et du Collectif Obvious et de Robbie Barrat pour l’IA.
Pour la moitié des participants, l’intégralité des tableaux à évaluer était présentée comme étant réalisés par une IA. L’autre moitié, comme étant l’œuvre d’artistes humains. En réalité, tous étaient exposés aux mêmes peintures, à la fois faites par des IA et des artistes humains.
Martin Ragot, chercheur en sciences cognitives chez b<>com explique l’étude et ses grands enseignements : « Il était demandé à chaque participant d’évaluer selon plusieurs critères chaque tableau : l’appréciation générale, la beauté perçue, la nouveauté et le sens perçu de l’œuvre. Nos résultats montrent que les peintures perçues comme étant peintes par des humains sont évaluées de manière nettement plus élevée et positives que celles perçues comme étant réalisées par l'IA. Fort d’une telle méthodologie et d’un tel échantillon, nous montrons, de manière inédite au sein d’une étude scientifique, un biais négatif de perception envers l'IA et un biais de préférence vers les œuvres d’origine humaine ».
Des résultats qui lèvent le voile sur des biais inconscients
Dans le détail, il ressort qu’en fonction de l'identité perçue de l'auteur de la peinture (Humain ou IA), les mêmes créations sont évaluées sous un jour très différent. Un tableau annoncé comme étant l’œuvre d’un humain est perçue comme plus attrayante, plus belle, plus innovante et ayant plus de sens. Un sentiment de préférence qui va jusqu’à influencer la perception du prix d’un tableau : une œuvre présentée comme créé par un humain est estimée comme ayant une valeur 3 fois plus élevée. Un enseignement significatif alors que les créations d’intelligence artificielle se multiplient dans les salles de ventes. Autre résultat évocateur : les participants évaluent plus favorablement les tableaux réellement réalisés par des humains et dans toutes les catégories évaluées (attrait, beauté, nouveauté et sens), les œuvres humaines avaient les faveurs.
La Revue We Demain a creusé le sujet avec Martin Ragot, l'article est disponible ici.