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Tribune d'expert
Edge Computing, vous êtes à jour ? Périmètre, avantages et challenges, Mathieu Lagrange, Directeur Réseaux & Sécurité chez b<>com, nous éclaire !

Qu’est-ce que le Edge Computing ?

Le terme de « Edge Computing » n’est pas nouveau. Concrètement, il s’agit de pouvoir traiter en local les informations collectées, le terme local pour désigner une ville ou une région. A cet égard, les réseaux de CDN (réseau de diffusion de contenus) constituent déjà une architecture de type Edge Computing. Cela dit, l’explosion du trafic vidéo et de l’Internet des objets ainsi que la capacité limitée des réseaux cœur pousse au traitement des données de plus en plus près des utilisateurs ou des objets en temps réel. Si on prend l’exemple des vidéos surveillance, le Edge Computing va ainsi permettre de traiter l’ensemble des vidéos et de ne remonter dans le cloud que les évènements « inhabituels » afin qu’ils soient consultables. L’objectif est ici de ne transmettre que les données importantes.

Quels sont les principaux avantages du Edge Computing ?

Le premier avantage est la réduction de la quantité de données. Le Edge Computing permet de ne stocker que les données importantes dans le cloud. Cela a pour conséquences de réduire le flux de données et de désengorger les réseaux. Une très forte hausse sur les données IoT est attendue pour 2020. L’Edge Computing, via une extraction intelligente des données, va permettre d’éviter la saturation des réseaux cœur.

Le second avantage est sans conteste le gain en performance. En effet, en étant proche physiquement des usagers, on réduit de fait la latence et on augmente la performance. Si on prend un exemple dans le secteur de la santé, les applications de Réalité Augmentée permettant des opérations moins invasives, grâce à la fusion des flux vidéo optique et des images échographiques, représentent le futur de la chirurgie non invasive. Pour ce type d’opérations, le but ultime est d’avoir une synchronisation parfaite entre le geste du chirurgien et les images. L’Edge Computing peut contribuer à réduire cette latence même si une bonne partie de celle-ci provient aujourd’hui des traitements applicatifs (compression vidéo, fusion, affichage). On est actuellement sur un décalage de 150 millisecondes de bout en bout, l’idéal serait d’arriver à quelques millisecondes pour permettre un geste chirurgical plus naturel et étendre cette technique à un plus grand nombre d’opérations.

Et les défis ?

Tout d’abord, il y a un vrai défi matériel. Si on veut une latence faible, il est indispensable d’avoir des serveurs très proches de l’utilisateur partout en France. Au-delà de la complexité de déploiement, et de la capacité à fournir des environnements applicatifs homogènes, il y a un réel enjeu écologique, notamment sur la question du refroidissement qui se pose forcément pour les régions les plus au sud.

Par ailleurs, il est nécessaire que les plateformes soient ouvertes pour que les développeurs puissent facilement déployer leurs technologies. Mais qui dit ouverture, dit potentiels problèmes de sécurité. Aussi, il sera nécessaire d’homogénéiser les pratiques en matière de sécurité pour s’assurer d’une protection efficace et identique sur tout le territoire.

Sur lesquels de ces aspects travaille b<>com ?

Tout d’abord, sur la partie applicative, nous travaillons sur le développement d’applications de Réalité Augmentée, notamment à destination de la salle d’opération du Futur dans le cadre du projet européen 5G Tours. Côté industrie, nous travaillons également sur des applications de maintenance dans les datacententers.

Dans le cadre de l’appel à projets PME , nous travaillons aussi avec une PME du territoire, Broadpeak, qui souhaite déployer des nano CDN dans des micro datacenters 5G au plus près des usagers. L’objectif est qu’ils bénéficient d’une remontée d’informations (via une API) sur l’état du réseau afin d’adapter de manière fine le comportement de leur nano-CDN et donc d’optimiser la qualité des vidéos.

Enfin, b<>com développe également une solution de connectivité cellulaire 4G/5G dite Cloud Native, qui peut être déployée en Edge dans le même environnement informatique que les applications. En clair, on souhaite coordonner le déploiement automatique en Edge de la connectivité et des applications ! Les industriels auront ainsi accès à une solution flexible, abordable et automatisée et pourront récupérer leurs données grâce à la 5G.

Mathieu Lagrange, directeur réseaux et sécurité chez b<>com
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